Présent ce soir, lors de la rencontre de pro A contre Caën, Tatave, notre nouveau champion de France a accepté de se prêter au jeu de l'interview avec Manu. Je vous laisse découvrir son parcours, ses impressions... ses émotions. Bonne lecture à tous et bonne nuit!
Interview réalisée par Emmanuel DUPAS
GRIMAUD Gustave, 71 ans, né le 22 janvier 1943 à La Romagne.
Clubs : SSR La ROMAGNE en 1953
ESSP CHOLET en 1958 … Excellence (équivalent Pré-nationale)
GSNAL NANTES en 1969 … Nationale 2 (l'élite jouait en N1)
LA ROMAGNE en 1972 … Nationale 4, Nationale 3
Rupture du tendon d'Achille en 1979, reprise en 1989 après 10 ans d'interruption.
J'ai participé à 17 Championnats de France FFTT :
En 1971, à TROYES, toutes catégories, sous le règne de Jacques SECRETIN, j'ai été éliminé par Christian MARTIN, membre de l'équipe de France, aujourd'hui commentateur des matches de Pro A.
En 1993, à LAMORLAYE, V2 (plus de 50 ans), j'ai été médaillé de bronze en simple messieurs.
A quel âge as-tu débuté le Ping ?
J'ai commencé le Ping à 8 ans, sur une table du bistrot de mes parents, la cimaise fixée au mur me servant de filet. Mon premier titre "Champion de Maine et Loire benjamins" en 1953.
Comment as-tu découvert cette activité sportive ?
La salle de patronage disposait de deux tables de ping-pong en libre-service. Je m'étais procuré une petite brochure qui donnait quelques précisions sur la prise en main de la raquette et les coups de base, droits et revers. Chacun jouait en fonction de son tempérament, les audacieux attaquaient, les prudents défendaient. J'en faisais partie.
Tu viens d'être sacré champion de France V4, peux-tu nous raconter ta compétition ?
Une compétition sur trois jours, c'est long et usant … C'est surtout beaucoup de STRESS : poule le premier jour, trois tours de qualification le second jour, 1/2 finale et finale le dernier jour. Le tout entrecoupé de doubles astreignants et fatigants. Il faut sans cesse surveiller le planning, s'alimenter à des horaires différents, trouver des temps d'échauffement, se remotiver ... Et maîtriser le STRESS qui va grandissant.
Comment as-tu trouvé le niveau de ce championnat de France ?
Les classements, 1500 pour les têtes de série, 800 pour les plus faibles, ne reflètent pas toujours la qualité des joueurs, qui dépend beaucoup de leur niveau de championnat, de leur mode de préparation et surtout de leur style de jeu. En vétérans, les surprises sont nombreuses. Pour preuve, l'élimination des quatre têtes de série avant les 1/2 finales.
Tête de série n° 8 dans une poule homogène, j'ai terminé tous mes matches au cinquième set sur le score de 11/9 (deux victoires, une défaite). J'obtiens ma qualification sur le fil, après arrêt de l'arbitre sur le score de 9/8 pour appliquer la règle dite "de l'accélération". Autant dire que ce fût chaud.
Le n° 1 de la poule a fait un beau parcours, il s'en est fallu de peu que je le retrouve en finale.
Tu viens d'être sacré champion de France V4, peux-tu nous raconter ta compétition ?
En 1/8 de finale contre Jean Pierre BEGUIN, un habitué des podiums, je gagne le premier set 13/11. Mon adversaire est agacé et perd largement le second 4/11. Tout va bien ... Après intervention de son coach qui n'est autre que son épouse, une joueuse chevronnée, je prends une magistrale claque 1/11. Je maudis les sets en 11 points. Je n'y crois plus … Seule solution, un bon départ. Mon adversaire retombe dans ses travers et je remporte le quatrième set 11/6 ... OUF de soulagement !
En 1/4 de finale contre Michel LEROUVREUR, deux titres de Champion de France dans la catégorie, un titre européen. Je le sens fatigué, victoire plus facile : 11/2, 11/8, 11/9. Mieux valait ne pas faire un quatrième set, on ne sait jamais.
En 1/2 finale contre Gérard DACHEUX, un frappeur dit le "taureau de Béthune". C'est la peur au ventre que je commence le match, premier set perdu 10/12, second gagné 11/9, troisième 11/4. Au quatrième, je mène 8/4, j'y crois … Deux balles volées, sursaut de mon adversaire, je perds le set 11/13. Nouvelle angoisse, tout est à refaire ... Mon adversaire paie ses efforts du set précédent, je mène 5/0 au changement de côté et l'emporte sur le score de 11/6.
En finale contre Alain ESTRABOLS, un jeune de 70 ans, présenté par mes amis comme un attaquant complet. Très tendu, c'est la finale, je commets beaucoup de fautes et perds le premier set 6/11. Le second est plus équilibré et tourne en ma faveur 11/9 ... L'attaquant rentre dans sa coquille et nous entamons un match de poussettes interminables où il finit par craquer 11/2. Les autres finales sont terminées, nous restons les seuls en piste … Le titre est là, à ma portée, il ne faut surtout pas TREMBLER. Je l'emporte 11/6 ... OUF ! C'EST FINI ! JE N'Y CROIS PAS !
Qu'as-tu fait de plus en terme de préparation par rapport aux années précédentes ?
Depuis longtemps, je pensais à ce rendez-vous comme étant l'un des derniers de ma carrière. Jeune V4, j'imaginais avoir une carte à jouer. J'ai tout simplement augmenté le volume d'entrainements, individuellement, avec mon ami René GREFFION, collectivement avec les Vétérans des Mauges et le Club de Basse-Goulaine, ma commune de résidence. Cette préparation m'a paru longue et de plus en plus stressante, car les résultats n'étaient pas toujours au rendez-vous. Evidemment aujourd'hui, je pense qu'elle a été payante.
Pendant la compétition, j'ai bénéficié des conseils de deux anciens Champions de France, mon ami René GREFFION bien connu des Nantais et mon partenaire de double, un joueur d'Annecy, Hubert JACOB, un copain de René. Nous sommes d'ailleurs médaillés de bronze en double. Par leur professionnalisme, ces deux joueurs m'ont donné confiance et surtout permis de commencer chaque rencontre après une bonne période d'échauffement. Mon partenaire de double a contribué indirectement à mon succès en éliminant la tête de série n° 1.
Quels conseils pourrais-tu apporter aux jeunes sportifs ?
S'entraîner, s'entraîner beaucoup, s'entraîner encore, même si les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Rester concentré pour transformer le STRESS en volonté de gagner et ce n'est pas le plus facile. Pour cela, il faut aussi garder le PLAISIR DE JOUER.
Grand merci à tous ceux et celles qui m'ont envoyé un message de félicitations